mercredi 18 janvier 2012

Le FDTL brise l'alliance avec Ennahdha !

Le fameux article 111 sera voté le 18 Janvier à l’assemblée nationale constituante. Dans cet article il s’agit de nommer le président de la commission de rédaction de la constitution. Mustapha Ben Jaâfer et Habib Khedher seraient les candidats respectifs du Forum démocratique pour le travail et les libertés et du Mouvement Ennahdha. Mais ce qui surprend, c’est l’appel lancé hier sur la page Facebook du FDTL, par Lobna Jeribi, aux partisans d’Ettakattol : « Après demain, nous allons voter un article Existentiel qui est celui de la présidence de la commission de rédaction de notre constitution, le fameux article 111. Nous sommes en train de tout faire pour que MBJ préside cette commission, mais nous avons besoin d'un minimum de médiatisation. Je m'étonne d'ailleurs que les médias n'en parlent pas... Je pense qu'un appui de la société civile serait aussi le bienvenu, face a l'importance de ce vote. Bougeons tous ensemble, pour notre Tunisie ! ».

On voit que la tension est à son comble, il s’agit de soutirer coûte que coûte ce poste de président de la commission de rédaction de la constitution à Ennahdha qui a toutes les chances pour l’avoir, tellement que le FDTL appelle à un soutien de la société civile pour imposer ce choix. Deux faits majeurs sont à noter dans cette affaire :

D’un côté, au dessous des publications de la page Facebook du FDTL pour rallier ses partisans, une majorité de commentaires semblent pratique le « schaftenfreud » en publiant des messages comme celui-ci que nous reprenons intégralement : « tawa société civile???? et quand la société civile vous demandait de ne pas s'allier avec nahda?? vous trahissez vos électeurs après vous pleurnichez! ». Ce n’est un secret pour personne que ce parti a profondément déçu ses électeurs en s’alliant à Ennahdha de façon passive. Maintenant, entre le bien de la patrie et le fait de manifester sa colère contre le FDTL, que choisiront les électeurs ?

De l’autre côté, appeler ses partisans pour faire passer une loi, c’est reprendre la mauvaise habitude des Nahdhawis qui se rassemblent pour appuyer le ministre de l’intérieur par-ci, pour appuyer le premier ministre par là et tenter de faire passer leurs décisions « de force ». Cette attitude est inacceptable. Le pouvoir politique et la légitimité décisionnelle ne viennent jamais de la pression de la foule rassemblée au dehors car on ne peut en aucun cas déroger aux lois à cause de la pression des foules qui peuvent avoir des demandes légitimes un jour comme la demande à l’assemblée de laisser publique ses séances, et un autre jour ils peuvent demander des choses farfelues comme la libération de certains prisonniers de leurs familles. Il y a des protocoles à suivre, si monsieur Ben Jaâfer est élu tant mieux pour lui, sinon, tant pis ! L’appel de Lobna Jeribi s’est interprété en effet en l’organisation d’un sit-in demain, devant l’assemblée, pour la pousser à choisir Ben Jaâfer. Réaction : les Nahdhawis ramèneront leurs partisans pour soutenir les décisions de leur parti. Lobna Jeribi, et le FDTL, s’il lui délègue officiellement le pouvoir de lancer de tels appels, sont d’une naïveté et d’une inconscience politique extrêmes !

Pour conclure, on voit que le FDTL compte coûte que coûte avoir ce poste, et puisqu’ils demandent le soutien médiatique et celui des foules, c’est que les négociations n’ont pas porté de fruits. Ainsi, serait-ce la fin de Troïka ? le FDTL reviendra-t-il de nouveau vivre dans son milieu politique naturel ? Ce qui est sûr, c’est que la carte géopolitique de l’assemblée nationale constituante risque de voir ses bordures évoluer grandement.


Mohamed Anis Abrougui

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