Le
manifeste d’Amnesty international appelle à la restructuration des
forces de sécurité et à enquêter de manière indépendante et impartiale
sur les allégations de violation. Le protocole comporte également volet
de la torture des mauvais traitements. Il réclame l’abolition de la
détention au secret, à faire appliquer les droits à la liberté
d’expression, d’association et de réunion, à réformer le système
judiciaire à enquêter sur les atteintes commises par le passé, à mettre
en œuvre les droits économiqueS, sociaux et culturels pour tous. Il
était hors de mesure pour certains partis présents d’accepter trois
mesures qui appelaient à mettre fin à la discrimination, à mettre fin à
la violence contre les femmes et à abolir la peine de mort.
« Il faut dire la vérité aux Tunisiens »
Sondès
Garbouj, la présidente de la section Tunisie d’Amnesty international
considère qu’il faut commencer par « dire la vérité aux Tunisiens » en
laissant entendre que « les Tunisiens ont toujours du mal à croire en la
capacité des autorités à leur offrir justice et dignité ainsi que les
institutions auxquelles ils peuvent se fier. » « Les élections qui
s’annoncent sont l’occasion pour les partis politiques de tenir les
promesses qu’ils ont faites de traduire leur discours en mesures
concrètes favorisant les droits humains et l’état de droit. C’est le
seul moyen de mettre fin au cycle des violations qui ont alimenté les
manifestations de décembre à janvier. »
Les partis signataires entre adeptes et détracteurs
Il
y a lieu de remarquer que certaines clauses du protocole ont partagé
les avis entre adeptes et détracteurs. Le Pole, le parti Ettajdid
représenté par son leader Ahmed Brahim, ainsi que le Mouvement de
l’union populaire représenté par Zakia Essafi, ont adopté dans sa
totalité la teneur de ce protocole, alors que des partis ont contesté,
se sont même indignés de la teneur d’un protocole qu’ils ont considérés
non adapté à notre culture arabo-musulmane. « Toutes les dispositions
juridiques donnant lieu à des discriminations fondées sur la race, la
couleur, la religion, l’origine ethnique, la naissance, le sexe,
l’orientation sexuelle, ….doivent être mises en conformité avec le droit
et les normes internationales ou être abrogées. ». La clause aurait
froissé la sensibilité de certains présidents de partis qui ont vu en
cela une porte ouverte pour légitimer l’homosexualité.
D’autres
ont agi avec mesure pour contester la teneur de ces articles comme
c’est le cas de Abdelwaheb El Hani le président du parti Al Majd qui a
considéré que la reformulation de ces articles en question serait la
bienvenue pour ne pas écorcher la sensibilité de certains conservateurs.
L’abolition de la peine de mort, la violence à l’égard des femmes et
d’une manière implicite le principe de l’équité dans l’héritage ont
provoqué un tollé dans la salle où certains parmi la présence se sont
livrés à un soliloque rébarbatif et assommant pesant sur l’ambiance de
la conférence de presse. Des intervenants ont même pris plaisir à
rappeler des versets du coran transformant leur communication qui
devrait être précise et concise en prêche du vendredi. Même si des
intervenants et en partant des principes de l’Islam et en invoquant des
versets du Coran ont montré que « l’humanisation de la peine devrait
être une initiative des Musulmans. » L’expression revient à Mohamed
Boukhari, le président du Parti progressiste républicain.
Cela
n’empêchera pas des partis centristes ayant opté pour le principe de la
séparation entre l’Etat et la religion à s’indigner du principe de
l’abolition de la peine capitale. C’est le cas de Badreddine Rbii, du
Parti de la liberté et du développement qui trouve que la peine capitale
serait la plus juste pour condamner des assassins sans foi ni loi ayant
tué, et sans état d’âme, des enfants ou des personnes innocentes les
privant de leur droit le plus élémentaire celui de vivre. « Personne ne
doit disposer de la vie des autres, et c’est en partant de ce principe
humaniste que la peine de mort ne doit en aucun être abolie. Car une
personne au visage de l’épouvante qui tue des êtres humains sans
vergogne, ne mérite pas de vivre avec les Hommes. » dit-il.
Mona BEN GAMRA
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