mercredi 28 septembre 2011

Qui cherche à nous préfabriquer un président?


Raouf KHALSI- L’information laisse pantois : Mustapha Ben Jaafar serait cautionné par des chancelleries étrangères et béni – dit-on – par les dignitaires d’Ennahdha, pour assumer la présidence de la République durant la période de la Constituante. Il est vrai que le leader d’Ettakatol a fait une prestation digne d’un vrai  militant et digne d’un Chef d’Etat, à la télévision. Et plus précisément il a révélé une dimension politique le prédestinant plutôt à Carthage qu’à la Kasbah : c’est l’homme politique par excellence. Ce n’est pas un technocrate trop collé aux chiffres et aux courbes, espèces de repères pour ceux qui, politiquement, n’en ont pas assez.

Le problème n’est pas là.

 
Mustapha Ben Jaâfar, l’un des rares opposants à n’avoir jamais prêté l’oreille aux appels de l’étranger du temps de Ben Ali, est d’une probité et d’une honnêteté telles qu’il se fâcherait sérieusement s’il apprenait  qu’on cherche à lui coudre un costard à sa mesure et – plus grave encore -  qu’Ennahdha bien en phase avec nos amis français – dit-on encore – lui proposerait son appui pour mieux l’aliéner. Ben Jaâfar n’est pas homme à se  laisser confondre dans les brumes de ce type de compromissions.
Il est tout à fait normal qu’en cette ère d’éclosion des idées, de renaissance politique et de foisonnement d’une culture plurielle – signe distinctif de la Tunisie carthaginoise, berbère, arabe, musulmane, européenne – il est normal, donc que les enjeux paraissent assez flous aux yeux des puissances occidentales. Un bras de fer vicieux et secret se déploie, par exemple, entre la France et l’Amérique : c’est à qui mieux mieux pour le statut de garant, sinon de gardien de la future démocratie tunisienne. Et pourtant c’est fini ! La Tunisie s’est rébellée. Ses futurs dirigeants seront élus le 23 octobre. Et ses futures institutions seront authentiques et non pas calquées sur d’autres modèles.
Plus de tutelle alors. Et si les Nahdhaouis ressentent toujours le besoin d’avoir une charpente comme refuge – quel que soit son drapeau – cela révèle une contradiction de base glorifier notre identité arabo-musulmane, en faire une fixation même et, en même temps, flirter avec des « démocraties » occidentales. A l’évidence Kissinger a des émules au sein d’Ennahdha même.

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