La Tunisie est en pleine ébulltion en cette période pré-électorale,
aube d'une Renaissance tant espérée, acquise dans les larmes et le sang.
Mais que se passe-t-il au pays du Jasmin ? et qui sont ces barbus qui
font la une régulière des médias ?
A un public en quête de sens, ayant pour visée de comprendre les
évènements actuels en Tunisie, en voici ma vision, celle d'un
franco-tunisien ayant fait l'expérience de la dictature sous Ben Ali.
Il faut le dire, les barbus et leurs familles sont heureux, oui
Heureux. Ce sont eux qui ont été la cible privilégiée de la dictature
durant 23 ans, ce sont eux qui ont été torturés, ce sont encore eux qui
ont été emprisonnés et cela pour satisfaire un double objectif :
1) S'attirer les bons sentiments de l'occident en guerre contre l'islamisme, sous couvert d'intégrisme religieux
2) Erradiquer le seul ennemi politique ayant la capacité de le battre
si des élections libres et démocratiques étaient organisées
Et cet objectif fut se réalisa durant toutes ces années mais la Révolution vint changer la donne.
Il est clair que les islamistes n'ont été ni à l'origine, ni n'ont
même participé activement à cette révolution. Cependant, ils en seront
les principaux bénéficiaires et c'est cela, le jeu de la démocratie.
Malgré le coups de bouttoir de Bourguiba et Ben Ali contre le
sentiment religieux, les tunisiens sont restés en grande majorité
attachés très fortement à l'Islam, ce qui explique aujourd'hui la
prépondérance du mouvement islamiste modéré qu'est Ennahda.
Il est aussi clair que la majorité des tunisiens est pour un islam
modéré du style de l'AKP en Turquie et non pour un islam tel qu'appliqué
en Iran ou en Arabie Saoudite.
Mais alors d'ou viennent ces troubles si Ennahda est réellement un mouvement modéré ?
En fait, ils viennent d'un autre mouvement, At Tahrir, parti qui n'a
pas été autorisé par le gouverment tunisien. Les médias le présentent
comme un mouvement salafiste, ce qui est encore faux.
Le crédo des salafistes est de ne pas créer de parti politique dans
un système démocratique, les troubles viennent en réalité d'une autre
frange de l'islam radical, les takfiri. Ceux-ci se présentent en tant
que salafistes, mot qui a pour origine la perpétuation des actes des
pieux prédécesseurs et qui sème le trouble dans l'esprit du commun du
peuple, non informés sur les mouvances inhérentes à l'Islam.
Le parti Ennahda a beau se démarquer à chacun de ces évènements qui
ne reflètent pas la ligne du parti, les autres partis utilisent cette
confusion dans l'esprit de beaucoup de gens afin de discréditer Ennahda.
Cette méthode, bien que malhonnête, porte ses fruits et une partie des
supports d'Ennahda, craignant un double language de celle-ci, se
détourne vers d'autres partis.
L'élite tunisienne actuelle, héritée de la dictature de Ben Ali est
majoritairement laïque, comme l'était leur mentor et comme le leur a
enseigné la vision française de la politique.
Mais le vent tourne, et le fait de diffuser des films attaquant le
sentiment religieux n'est pas anodin. Cette élite bourgeoise laïque se
sent menacée dans ses privilèges et à juste raison car si Ennahda arrive
au pouvoir, elle se fera un devoir de rétablir la justice sociale et de
juger les injustices de l'ère Ben Ali, ils auraient beaucoup à y
perdre, il va sans dire. Donc elle sème les graines de la violence,
qu'elle retourne ensuite contre ses opposants.
Aujourd'hui la Tunisie est réellement libre, et le danger islamiste
tant agité par le passé n'existe pas si ce n'est cette très minoritaire
frange qui n'aura aucun poids politique dans la future Tunisie et qui
est donc vouée à la page des faits divers.
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