samedi 8 octobre 2011

Visite guidée aux 'geôles de la torture' du ministère de l'Intérieur


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TUNIS (TAP) - Elles étaient au nombre de 13, dont certaines peuvent accueillir deux personnes et d'autres quatre, dans le sous-sol de l'édifice qui trône en plein centre de la capitale. Les "geôles de la torture" du ministère de l'Intérieur qui étaient la hantise des opposants politiques et des défenseurs des droits de l'Homme ont été ouvertes, vendredi, pour une visite guidée, dans une initiative, la première du genre du ministère. Journalistes tunisiens et étrangers, ainsi que des écoliers, se sont introduits dans ces geôles de garde à vue de triste renommée où des visiteurs d'un autre genre subissaient les supplices de la torture, dans le cadre des enquêtes politiques et de "sécurité de l'Etat", sous le régime du président déchu.
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Les élèves, 13 des deux sexes, armés de leurs outils scolaires ont dessiné sur les murs et les portes des geôles des tableaux symbolisant la liberté, les droits de l'Homme et la révolution tunisienne, visant à "assainir les lieux des souillures et des malheurs du passé", comme l'a expliqué l'encadreur du groupe d'élèves, Henda Belhaj Ali, responsable d'un cercle de théâtre et d'arts, dans l'une des écoles de la rue Bab El Khadhra, à Tunis. Le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Lazhar Akremi, a donné un aperçu sur les lieux, leur histoire et les pratiques durant les périodes précédentes de l'Histoire de la Tunisie.
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A son tour, Akremi a dessiné en jaune un lever de soleil sur le mur de l'une des geôles, pour symboliser l'espoir en l'avenir et la révolution des jeunes née des sacrifices de centaines de militants et de milliers de Tunisiens conduits vers ces catacombes de la répression policière, afin de briser leurs rêves de liberté, de justice et de démocratie. Le visage marqué par des signes d'émotion et de tristesse, un agent de sécurité a tenu, de son côté à marquer sur un mur de ces geôles des signes et des couleurs symbolisant la liberté.
En outre, des responsables du ministère ont expliqué aux visiteurs comment les précédentes instances de la sécurité de l'Etat entouraient d'un secret total les arrestations, les enquêtes et l'usage de multiples méthodes de torture avilissante pour la dignité humaine, dans ces lieux lugubres.
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Le chef du bureau de l'information et de la communication du ministère de l'Intérieur, Hichem Meddeb, a expliqué que cette action symbolique prouve la détermination de rompre avec "le passé sombre" des structures de la sécurité tunisienne et entre dans le cadre d'un programme de réformes entamées, après la révolution du 14 janvier 2011. Hichem Meddeb a souligné que de nombreux citoyens arrêtés mis à la disposition de l'instruction étaient placés dans ces geôles, pour différentes accusations, notamment "le terrorisme, la menace contre la sécurité de la patrie", alors qu'ils n'étaient en fait que des simples citoyens qui défendaient ou revendiquaient des droits.
Nombreuses étaient les organisations nationales et internationales de défense des droits de l'Homme qui avaient dénoncé l'ancien régime et le ministère de l'Intérieur, à cause de la torture, la violence outrancière et les atteintes à la dignité des militants politiques, des opposants et des défenseurs des droits de l'Homme.
Le chef de bureau de l'information et de la communication du ministère a rappelé que de multiples initiatives ont été prises, après la révolution pour empêcher l'usage de la force brutale et améliorer les conditions de la garde à vue.
Il a expliqué que le ministère "est en train d'instaurer de nouvelles traditions pour l'interrogation périodique des membres de forces de sécurité, autour des erreurs et des violations, sur la base des rapports qui lui sont parvenus, de même qu'il veille à la promotion du volet formation, en vue de veiller au respect des droits de l'Homme et de l'intégrité de la patrie".
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Il a souligné que l'ouverture de ces geôles à l'opinion publique et aux jeunes est le signe de la volonté du ministère de "tourner une page noire" de son histoire. Il a affirmé, d'autre part, que le ministère est prêt à demander des comptes à tous ceux qui avaient commis des violations. Au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, des dizaines d'officiers et d'agents de la sécurité avaient été licenciés en raison de leur implication dans des actes de violence ou de corruption, alors que les enquêtes se poursuivent pour d'autres.
A la fin du mois de septembre écoulé, le ministre chargé de la réforme sécuritaire avait dévoilé à l'opinion publique, aux partis politiques et à la société civile, les axes principaux du plan décidé par le gouvernement de transition pour la réforme des structures de la sécurité.  Il avait appelé toutes les parties à un échange d'idées concernant cette reforme "en vue d'instaurer un service de sécurité pour une société démocratique".
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